crédit photo: Artisttik Africa

On peut quitter l’exposition « Reality » et se rendre dans un salon de coiffure. Comme toute consigne, brandir l’écran de son appareil photo ou smartphone : « Faites-moi la tresse que voici ». De toute manière, c’est à la nature (les Hommes y compris) d’imiter l’art, pour paraphraser l’écrivain Irlandais Oscar Wilde.

L’espace Joseph Kpobly de l’Institut français de Cotonou où expose le sculpteur béninois Marius Dansou depuis le 10 mai et ce, pour 30 jours s’apparente quelque peu à une galerie (salon) de mode, pour la circonstance. Des têtes aux cheveux en fer tressés ou nattés qu’arborent des bustes féminins. Des têtes modèles en fer sans perruques. Des sortes de gardes outils pour femme réalisés en fer et contenant : bobines de fil à coudre, peignes à queue, petites boites de pommade, etc. Marius Dansou présente la femme sous ses jours d’apparat ou dans sa méticulosité esthétique. Et c’est la partie qui retient a priori l’attention chez l’africaine que l’artiste met en exergue. La tête, avec ses corollaires cheveux et tresse. De tresse, l’exposition en montre de multiples formes ressortant relativement autant l’extravagance, la coquetterie, l’originalité que le simplisme. Dans son émoi, face à ces sculptures capillaires, le visiteur se rend compte de l’allure que pourrait prendre son élégance et l’éventuelle exagération dont il fait montre dans ses choix et habitudes.

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Toutefois, « Reality » fait promener dans un univers de glamour aux senteurs féminines. C’est à imaginer une Katoucha (grand mannequin et égérie de la mode des années 80) marcher avec de ces coiffes à un défilé de mode… Marius voulait certainement rendre hommage à la femme. Sa démarche fait penser à l’artiste plasticienne sénégalaise Anta Gaye Germaine dont l’art ressort le beau de la parure traditionnelle des femmes africaines, avec un travail basé sur le verre (mélangé au fer parfois) qu’elle façonne et utilise pour protéger aussi des collages.

 « Aimez-vous particulièrement la femme ? » Marius Dansou sourit avant de répondre : « tout homme aime la femme ». Certes, il avoue l’influence sur lui du photographe nigérian O’jeikere dont le travail se fait sur le corps et le visage de la femme mais il cache mal son admiration pour l’être féminin et son projet de rendre durables dans le temps des signes et symboles qui vont avec la femme en milieu africain et béninois.

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Femme, fer, tresses… Entre symbolisme et réalisme

Une tresse en milieu africain et surtout béninois s’accompagne d’un champ de symboles à la source de laquelle l’oralité puise d’importantes ressources. On se convainc de cette appréhension en se référant aux dénominations desdites sculptures. « Nyonu fiô » (reine en Minan), « Si tu sors, je sors », etc. Bienvenue dans l’univers de l’oralité et des codes pour s’exprimer par un comportement et même pour catégoriser. Juste un style vestimentaire ou une coiffure pour passer un message que saisissent bien les destinataires, tant la société s’y étant entendue par l’alchimie de la tradition orale. Ainsi, avec une tresse ou une coiffure, la femme peut prétendre être d’une classe sociale donnée. Elle peut vouloir montrer son humeur…

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La femme, autant elle porte du charme, autant elle est bien placée dans les sociétés africaines pour alimenter de ces réalités. Même si, l’artiste, ici, fait plus dans la nostalgie et la conservation desdites réalités que dans le présent. Le choix du fer (à béton) comme matériau principal c’est peut-être pour symboliser la résistance à l’usure dans le temps. Et toute l’ambition de Marius Dansou serait découverte. La résistance de la femme. La résistance de la beauté. L’Afrique, une dame de fer.


Eric AZANNEY

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