Du 28 février au 7 mars 2015, Ouagadougou a focalisé l’attention de tous les créateurs du 7ème art africain et de sa diaspora. La 24 ème édition du festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou s’est achevée sur une note de satisfecit de tous quant à la qualité de sa programmation.

 

Au soir du 7 mars 2015, alors qu’il était appelé à recevoir l’étalon d’or de Yennenga, la plus haute récompense du Fespaco, le marocain Hicham Ayouch, sémillant réalisateur du film Fièvre ne savait comment contenir son bonheur. Surtout, il avait visiblement hâte de s’adresser à cette grande audience rehaussée par la présence de personnalités en tout genre, le Président de la république du Faso et son premier ministre en tête. « Je suis Africain et fier de l’être. On nous a volé notre passé, on a tenté d’effacer notre histoire, mais notre futur nous appartient. Il est temps de prendre notre destin en main », a t-il clamé. La foule ne se fait pas prier pour lui répondre par un tonnerre d’applaudissement. Un message fort d’engagement porté par l’un des rares réalisateurs dont le sujet du film était moins nette en terme d’engagement militant justement. Le vent de la révolution d’octobre 2014 qui a soufflé si fort sur le Burkina-faso au point de déboulonner son désormais ancien Président Blaise Compaoré après vingt sept ans de règne sans partage a plané dans les pénombres des salles de cinéma du Fespaco 2015, tant le réveil voire la révolte des peuples était la star de maintes œuvres en compétition. Le printemps arabe et ses manifestations peu ou prou en Egypte, en Tunisie et au Maroc occupe une place de choix dans cette sélection riche d’appel à plus de démocratie et de justice en Afrique. Au sud du Sahara,les œuvres telles que Run de l’Ivoirien Phillipe Lacote, Cellule 512 du Burkinabais Missa Hebie, Rapt à Bamako du Malien Cheick Oumar Sissoko, etc donnent le LA de l’indignation citoyenne. Mais Hicham Ayouch est tout autant en colère. Son film Fièvre est celui de l’histoire d’un enfant, à peine adolescent, insolent et réfractaire aux convenances qui, froidement, par un coup de poignard, finit par donner la mort à son oncle paternel malade et condamné à vivre le restant de ses jours sur une chaise roulante. Un film dont on en sort bouleversé par une fin aussi dramatique qu’inattendue. Son auteur dit pourtant servir un message d’amour et de convulsion humaine inhérente à toute société en prise avec le chaos. Un long métrage bien ficelé sur le plan technique et qui se draine par une musique le rendant digeste dans un univers de banlieue française à tout le moins insoutenable.

S’appuyant sur les succès sans précédent (7 Césars remportés quelques semaines avant l’ouverture du Fespaco et une nomination aux Oscars d’Hollywood) obtenus par le film Timbuktu du Mauritanien Abderrahmane Sissako, beaucoup ne vendaient pas chers les autres films de la sélection long Métrage. Erreur ! semble réagir le Jury de cette catégorie présidé par le cinéaste et auteur Ghanéen Kwaw Ansah. Une position qui épouse parfaitement celle de nombreux professionnels présents au Fespaco surpris par la qualité technique nettement meilleure et équivalente des œuvres en compétition. Timbuktu n’aura finalement aucune place dans le trio des plus importants prix et devra doublement se contenter du prix du meilleur décor et du prix de la meilleure musique (Voir Palmarès).

Pour un ancien diplomate européen, habitué du rendez-vous de la biennale de Ouagadougou, « La movida culturelle de l’Afrique peut désormais, sans aucun complexe, aller à la rencontre de tout ce qui se propose d’excellent en matière technique hors des frontières du continent ».

                                                                             Arcade ASSOGBA, envoyé spécial

 



FESPACO 2015 - LE PALMARES OFFICIEL

SECTION LONG-METRAGE

- Etalon d'Or de Yennenga : "Fièvres" d'Hicham Ayouch (Maroc)
- Etalon d'argent de Yennenga : "Fadhma N'Soumer" de Belkacem Hadjadj (Algérie)
- Etalon de bronze de Yennenga : "L'œil du cyclone" de Sékou Traoré (Burkina Faso)
- Prix de la meilleure interprétation féminine : Maimouna Ndiaye dans "L'œil du cyclone" de Sékou Traoré (Burkina Faso)
- Prix de la meilleure interprétation masculine : Fargass Assande dans "L'œil du cyclone" de Sékou Traoré (Burkina Faso)
- Prix Paul Robeson (Meilleur film de la diaspora): "Morbayassa, le serment de Koumba" de Cheik Fantamady Camara (Guinée-Conakry)
- Prix Oumarou Ganda (meilleure première œuvre) : "L'œil du cyclone" de Sékou Traoré (Burkina Faso)
- Prix du meilleur scénario : Marcel Beaulieu pour "Fadhma N'Soumer" de Belkacem Hadjadj (Algérie)
- Prix de la meilleure image : Ali Benjelloun pour "C'est eux les chiens" de Hicham Lasri (Maroc)
- Prix du meilleur son : Phillipe Grivel et Dominique Vieillard pour "Fadhma N'Soumer" de Belkacem Hadjadj
- Prix de la meilleure musique : Amine Bouhafa pour "Timbuktu" d'Abderrahmane Sissako (Mauritanie)
- Prix du meilleur décor : Sébastien Birchler pour "Timbuktu" d'Abderrahmane Sissako (Mauritanie)
- Prix du meilleur montage : Isabele Devinck pour "Fadhma N'Soumer" de Belkacem Hadjadj (Algérie)
- Prix de la meilleure affiche : "Cellule 512" de Missa Hébié (Burkina Faso)

PRIX DES ECOLES AFRICAINES DE CINEMA

- Prix du meilleur film fiction : "Sagar" de Pape Abdoulaye Seck (Ecole supérieure des arts audiovisuelles, Maroc)
- Prix du meilleur film documentaire : "Je danse, donc je suis" d'Aïssata Ouarma (Institut supérieur de l'image et du son, Burkina Faso)
- Prix spécial du jury : "The Traveller" de Peter Sedufia (NAFTI, Ghana)

SECTION COURT-METRAGE

- Poulain d'or : "De l'eau et du sang" d'Abdelilah Eljaouhary (Maroc)
- Poulain d'argent : "Madame Esther" de Luck Razanajoana (Madagascar)
- Poulain de bronze : "Zakaria" de Leyla Bouzid (Tunisie)

SECTION DOCUMENTAIRE

- Premier prix : "Miners Shot Down" de Rehad Desai (Afrique du Sud)
- Deuxième prix : "Devoir de mémoire" de Mahmadou Cissé (Mali)
- Troisième prix : "Tango Negro, les origines africaines du tango" de Dom Pedro (Angola)

SECTION SERIE TELE

- Prix de la meilleure série : "Chroniques africaines" de Marie-Christine Amon (Côte d'Ivoire)
- Prix spécial du jury : "Eh les hommes, Eh les femmes" d'Apolline Traoré (Burkina Faso)

PRIX DES INSTITUTIONS

- Prix spécial de l'intégration de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) : "L'œil du cyclone" de Sékou Traoré (Burkina Faso)
- Prix CEDEAO de la meilleure réalisatrice ouest-africaine : "Des étoiles" de Dyana Gaye
- Prix de l'Union européenne : "Avant le printemps" d'Ahmed Atef (Egypte)
- Prix du Conseil de l'Entente : "Run" de Philippe Lacôte (Côte d'Ivoire)

Commentaires   

#1 website 25-03-2016 01:41
Hi there, just wanted to tell you, I enjoyed this blog post.
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